AUGMENTATION
DES PHOSPHATES,
KALKWASSER ET REACTEUR A CALCAIRE
Rudolf Hüster - DAS AQUARIUM - Juin 1997
Une prise de position de Knop en 1997 a cr?? une certaine agitation parmi
les aquariophiles marins associ?e ? une certaine incertitude. Dans cette
prise de position on nous sert l'histoire inou?e du ?m?chant? Kalkwasser
et de l'augmentation ?myst?rieuse? des phosphates dans le bac r?cifal.
L'utilisation de Kalkwasser conduirait d'abord ? la formation de s?diments
calcaires inoffensifs contenant des phosphates. Ceux-ci deviendraient dangereux
quand, lors de l'installation d'un r?acteur ? calcaire, la valeur du pH
serait diminu?e par le CO2. Alors d'importantes quantit?s de
phosphates seraient lib?r?es en peu de mois conduisant ? des invasions
d'algues qui n'ont pu ?tre ma??tris?es aux USA et aux Philippines par
l'interm?diaire de l'?cumage. Vrai ou faux? Que faut-il vraiment croire?
En dehors de la lumi?re, les coraux n?cessitent pour leur croissance des
combinaisons azot?es, des macro- et oligo-?l?ments, de grandes quantit?s
d'ions calcium et de CO2 pour la constitution de leur squelette.
C'est pourquoi depuis des d?cennies on rajoute avec succ?s une solution
d'hydroxyde de calcium (Kalkwasser d'apr?s Wilkens). Depuis 1994 deux m?thodes
ont pris le dessus, ne fournissant pas seulement du calcium au syst?me, mais
aussi du CO2 sous forme d'hydrog?nocarbonate (Hebbinghaus, 1994
; Balling, 1994). En pr?sence d'une teneur en calcium aux alentours de 400
ppm si on donne aux coraux en plus du CO2 sous forme d'hydrog?nocarbonate
ils r?agissent en augmentant leur croissance. Cependant le CO2
constitue aussi une substance nutritive tr?s importante pour les algues.
Une pr?sence cons?quente de phosphates et de fer conduit ? une croissance
explosive des algues (Paluda, 1996 ; Knop, 1997). ?Tous les aquariophiles
honn?tes m'ont toujours confirm? qu'on en arrivait ? des d?veloppements
massifs d'algues, depuis les algues unicellulaires d?rivantes jusqu'aux algues
filamenteuses ind?sirables? (Wilkens, 1997). Aussi le probl?me des
algues est-il facile ? expliquer tant en Allemagne qu'en Norv?ge, en Am?rique
et aux Philippines. Toutefois l'augmentation myst?rieuse des phosphates lors
de la mise en route d'un r?acteur ? calcaire du type Hebbinghaus reste inexpliqu?e
(Brockmann, 1995 ; Paluda, 1996 ; Knop, 1997)
Lors de chaque nourrissage, que l'on ne doit pas n?gliger dans l'int?r?t
de ses poissons (Thaler, 1997), nous introduisons dans notre syst?me des
liaisons organiques phosphat?es. Les phosphates sont soit absorb?s et int?gr?s
dans la masse cellulaire des coraux et des algues en croissance, soit d?compos?s
et accumul?s dans l'eau sous forme de phosphates min?raux. En pr?sence
de teneurs en calcium suffisantes ces phosphates min?raux sont pr?cipit?s
sous forme d'apatite difficilement soluble en pr?sence des valeurs de pH
alcalines rencontr?es dans les bacs r?cifaux (Jander-Blasius, 1976 ; Hollemann-Wiberg,
1976) et se d?posent sous forme de minuscules cristaux sur le d?cor et sur
le sol. Cette apatite (3Ca3 (P04)2 x Ca(OH)2)
est tr?s difficile ? dissoudre et constitue pour cette raison la partie
la plus importante de l'?mail des dents et des structures solides de notre
charpente osseuse. En pr?sence d'une combinaison si difficile ? dissoudre
on peut ? peine imaginer que des phosphates puissent ?tre extraits par dissolution
? partir des s?diments d'apatite (s?diments calcaires contenant des phosphates
selon Knop, 1997) ou de d?bris coralliens par l'interm?diaire de l'acide
carbonique.
Chaque chimiste apprend au cours de sa premi?re ann?e qu'il existe des acides
faibles et des acides forts et que seuls les forts peuvent chasser les faibles
de leur liaison. En d'autres termes : il est simplement impossible que lonnaisseur
en microbiologie : ? cause de la faible circulation d'eau et ? la suppression
de l'oxyg?ne par l'introduction de gaz carbonique le r?acteur ? calcaire
se double d'un filtre d?nitrateur. Il transforme les nitrates (par exemple
en ammonium et en azote sous forme gazeuse). Les bact?ries croissent, se
multiplient et meurent en partie. Ainsi du phosphore absorb? et int?gr?
dans les cellules se trouve ? nouveau lib?r?.
Sur la base des r?gles de Hahnschen concernant la pr?cipitation et l'adsorption
(?hlein, 1969) du magn?sium, du mangan?se, du fer de m?me que du strontium,
du brome et des terres rares sont entra?n?s lors de la pr?cipitation de
l'apatite. Pour le fluor il s'agit m?me d'un ?changeur d'ion naturel (d'o?
durcissement de l'?mail avec du phosphate monofluor?). Lors de l'analyse
de sable de corail provenant de syst?mes de filtration biologique P. Wilkens
et H. Becker ont pu mettre en ?vidence ? la surface des traces de fluor,
strontium, lithium et surtout de fer au moyen d'une spectroscopie ? absorption
d'atomes (AAS). Apr?s retrait de toutes les combinaisons phosphor?es il
n'a pas ?t? possible - comme pr?vu - de trouver une dissolution des phosphates
par l'acide carbonique (Wilkens, 1997).
L'utilisation d'hydroxyde de calcium ne sert donc pas seulement ? une augmentation
de la teneur en calcium mais aussi ? une pr?cipitation r?ussie et a un
d?p?t de s?curit? des phosphates. Aussi faut-il s'attendre ? une augmentation
des phosphates apr?s la d?cantation d'un dosage d'hydroxyde de calcium et
la stabilisation de la teneur en calcium par addition d'eau dure (ou utilisation
d'un r?acteur ? calcaire). Des exp?rimentations ont ?t? effectu?es par
P. Wilkens et l'ing?nieur en chimie H. Becker. L' eau d'?vaporation d'un
bac contenant des coraux de feu ? la croissance luxuriante a ?t? remplac?e
durant un mois par une solution d'hydroxyde de calcium puis durant un autre
mois par l'addition d'eau du robinet affichant une duret? carbonat?e de
15° dKH (duret? totale 20° dGH). La teneur totale en phosphore (part
li?e organiquement et part min?rale; d?termination par AAS) a augment?
dans l'eau de 0,05 ppm ? 0,075 ppm. La teneur dans le liquide du r?cipient
d'?cume de l'?cumeur est tomb?e de 0,110,15 ? 0,07/0,08 ppm. Visiblement
les phosphates organiques et min?raux attaqu?s par le processus m?tabolique
des ?tres vivants sont nettement mieux ?limin?s du circuit par addition
d'hydroxyde de calcium que par l'utilisation d'autres combinaisons ou d?p?ts
de calcium (soit les biocalcaires). Probablement que les phosphates organiques
combin?s (DOP = phosphates organiques dissous) sont hydrolys?s de m?me
que les phospholipides sont saponifi?s ? l'endroit de l'addition de la solution
extr?mement alcaline d'hydroxyde de calcium (Wilkens, 1994) puis ?cum?s
ou pr?cipit?s. L' augmentation r?elle de la capacit? d'?cumage lors de
l'introduction d'une solution d'hydroxyde de calcium peut aussi ?tre constat?e
par les sceptiques.
Aussi faut-il s'attendre ? une augmentation de la teneur en phosphates m?me
dans le cas de r?acteurs ? calcaire bien r?gl?s type Hebbinghaus. Si de
plus un exc?s de CO2 devait p?n?trer dans le bac ? cause d'un
mauvais r?glage les coraux vont arr?ter leur croissance et les algues vont
r?gner dans le bac ? partir d'une certaine teneur en phosphates (voir la
Mer Rouge et la station de chargement de phosphates). Ce que les aquariophiles
ressentent alors comme ?catastrophe? n'est qu'une adaptation de la ?communaut?
de vie aquarium? aux conditions environnementales modifi?es.
Tous les bons aquariums bien peupl?s de coraux que P. Wilkens a pu admirer
sont selon lui maintenus avec du Kalkwasser. Seules des installations sup?rieures
? 500 litres sont quelquefois pourvues d'un r?acteur ? calcaire (type Hebbinghaus)
afin de maintenir l'?quilibre calcaire-acide carbonique et une teneur en
calcium aux alentours de 400 ppm (Wilkens, 1997).
? Il n'y a pas de chemin hors duquel il n'y a pas de salut et en ce qui
concerne le r?acteur ? calcaire plus encore que pour les diffuseurs de CO2,
qui sont eux aussi utilis?s par certains, il faut se r?f?rer ? la loi
de Murphy : soit ils s'arr?tent ou t?t ou tard ils produiront des invasions
d'algues de toutes sortes. D'apr?s toutes les connaissances actuelles il
semble que l'association des deux m?thodes offre une solution comme les propri?taires
de tr?s gros bacs, comme Schmidt et Treuheit, ont pu me le rapporter. Sans
aucun doute la constatation d'un aquariophile berlinois est ?galement exacte
: qu'est ce que je dois faire d'un r?acteur ? calcaire, je ne veux pas d'un
bac ? algues ? (Wilkens, 1997)
Ainsi j'en tire la conclusion suivante :
- pour pr?cipiter les phosphates, du Kalkwasser,
- pour augmenter la duret? carbonat?e un r?acteur ? calcaire ou du Kalkwasser
et une addition de CO2 r?gl?e avec prudence, comme Brockmann
l'a propos? en 1995.
Le ? couple infernal ? (selon Knop, 1997) pourrait ?tre au moins un compromis
sinon une solution d'avenir.
Bibliographie
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gebräuchlicher Calcium-Dosierungsverfahren. Das Aquarium (317) : 27-33.
DELBEEK, J. C. & J. SPRUNG (1994/1996) : Das Riffaquarium. Ricordea Publishing,
Coconut Groove, USA (Vertrieb : Birgit Schmettkamp Verlag, Bornheim).
HEBBINGHAUS, R. (1994) : Der Löbbecke Kalkreaktor. DATZ (8): 517-522.
HOLLEMANN-WIBERG (1976) : Lehrbuch der Anorganischen Chemie. Walter de Gruyter,
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JANDER-BLASIUS (1976) : Lehrbuch der analytischen und präparativen anorganishen
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KNOP, D. (1997) : Betr. Phosphatanstieg, Kalkreaktoren. DATZ (2): 132.
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THALER, E. (1997): Fisch-Polemik. DATZ (3): 164-172.
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Stuttgart.
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WILKENS, P. (1997) : Briefliche Mitteilung und Nachtrag nach Telefonat mit
J. Sprung.
Extrait des "Lettres récifales" nr 10 - septembre 1998