Mon expérience de la méthode Jaubert

Marc Langouet

A) Pourquoi la m?thode Jaubert ?
Deux questions ont toujours hant? ma vie et conduit mon action :

- pourquoi ?
- pourquoi pas ?

En 1994 quand j?ai d?cid? d?installer un bac r?cifal de plus ? mon domicile (j?avais d?j? 6 bacs en fonctionnement, tous peupl?s d?invert?br?s, dont 3 r?cifaux ? proprement parler), j?ai opt? pour un bac de plus grande dimension (1.75 X 0.75 X 0.60 sur deux ?tages soit environ 1200 litres de capacit? brute) et pour la premi?re fois pour un ?clairage HQI. Restait le choix de la m?thode de maintenance.

Apr?s des ann?es d?aquariologie r?cifale bas?e pour l?essentiel sur des changements d?eau massifs, et o? la litt?rature fleurissait d?articles techniques sur la mise en ?uvre des changements d?eau en continu par goutte ? goutte, les bacs de type berlinois commen?aient ? ?tre connus depuis le d?but de la d?cennie 90, mais j?avais aussi entendu parler de la m?thode dite Jaubert, en particulier suite ? l?installation ? Monaco d?un bac r?cifal de 40 000 Litres et d?une publication du Pr. Jean Jaubert dans le Bulletin de l?Institut Oc?anographique, Num?ro sp?cial 5, relatif au deuxi?me Congr?s International d?aquariologie des 22 au 27 f?vrier 1988.

J??tais un peu rebut? par l?attirail technique du syst?me berlinois, et encore ? l??poque on ne parlait pas de r?acteur ? calcaire, ni m?me ? calcium - l?eau de chaux ?tait ajout?e ? la main - mais seulement d??cumeur, relativement bruyant pour un salon (pas de dispergateur ? l??poque mais une grosse pompe ? air), susceptible d?enlever des substances nocives mais aussi d?autres peut ?tre b?n?fiques (vitamines, oligo-?l?ments, plancton, ? sucres ?? ?), n?cessitant un r?glage correct, un entretien et une surveillance parfois difficile pour moi qui voyageais beaucoup professionnellement, et dont l?encombrement ?tait incompatible avec l?installation d?un grand aquarium dans le salon de mon pavillon sans sous-sol.

J?ai d?embl?e ?t? s?duit par l?absence de mat?riel li? ? la m?thode Jaubert et ? son aspect ? ?cologique ? qui visait ? reproduire in vitro les processus naturels de nitrification et de r?duction des nitrates en azote, ainsi que ceux de dissolution de substrat calcaire visant ? maintenir la quantit? de bicarbonates/carbonates et le taux de calcium dans le bac.

Il faut dire que les changements d?eau que je pratiquais jusqu?alors devenaient vraiment fastidieux et co?teux sur des bacs de ? grand ? volume et que l?on ?tait ? l??poque obnubil? par les teneurs de nitrates, impossible ? obtenir par simple changement d?eau, puisque l?eau du robinet dont je disposais en r?gion parisienne titrait ? environ 20 mg /l de NO3, et que les osmoseurs commen?aient seulement ? appara?tre sur le march? aquariophile ? des prix environ 3 fois sup?rieurs au prix actuel, certains n??liminant d?ailleurs pas les nitrates.

Les articles en fran?ais sur la m?thode berlinoise, en particulier celui de Dietrich ST?BER publi? en 1991 dans AQUARAMA, parlaient d?aquariums avec peu de poissons, et ceux qui avaient vu de tels bacs parlaient de poissons peu nourris, souvent maigres, avec n?anmoins des taux de nitrates de l?ordre de la dizaine de mg / l.

De l?autre c?t? le Pr. Jaubert annon?ait dans le Bulletin de l?Institut Oc?anographique de Monaco des taux de nitrates de l?ordre de 0.01 mg/l apr?s des mois et des ann?es de nourrissage copieux des poissons, sans aucun changement d?eau, et des taux de calcium constants de l?ordre de 480 mg/l sans aucun ajout et malgr? la pr?sence de coraux, en particulier durs, en pleine croissance.

Enfin, s?il ?tait ais? de se procurer ? bon prix le sable de corail n?cessaire ? la m?thode Jaubert, les pierres calcaires n?cessaires ? la m?thode berlinoise ?taient plus difficiles ? se procurer et plus on?reuses, ? fortiori si l?on voulait utiliser des pierres vivantes rares, y compris sur la place de Paris.

Certes, aucune personne de ma connaissance ne pratiquait la m?thode Jaubert alors que j?avais vu quelques bacs berlinois tr?s beaux, mais je me suis dit pourquoi la m?thode berlinoise et pourquoi pas la m?thode Jaubert, en pensant d?ailleurs que si cela ne marchait pas, il serait toujours temps de rajouter un ?cumeur ? un bac Jaubert, alors que si la m?thode Jaubert s?av?rait plus performante, il serait plus difficile de transformer un berlinois en Jaubert sans tout refaire !

Certes aussi j?aurais pu mettre en ?uvre un d?nitrateur ? soufre que j?avais mis au point 3 ans plus t?t, et qui fonctionnait tout ? fait correctement sur mes autres aquariums, r?cifaux ou non, mais ce dispositif ne r?gle pas le probl?me de la nitrification des mati?res organiques, et surtout le ? pourquoi pas ? me poussait ? exp?rimenter la m?thode Jaubert par simple envie d?en conna?tre les possibilit?s.

Pour mettre en ?uvre la m?thode Jaubert il me fallait par contre trouver les d?tails de sa mise en ?uvre, car les publications ?taient par exemple avares de d?tails sur l??paisseur de la couche, sa nature et la hauteur du pl?num?
J?ai donc commenc? par me procurer ? l?Institut National de la Propri?t? Industrielle le brevet d?pos? par Jean Jaubert sur cette m?thode, mais ceux qui comme moi ont un peu l?habitude de l?exploitation d?un brevet savent qu?il est essentiellement fait pour se prot?ger d?une contrefa?on et non pour expliquer en d?tail la mise en ?uvre de la m?thode prot?g?e.

J?ai donc d?cid? de rencontrer le Pr. Jaubert, ce qui fut chose faite en octobre 1994, et c?est lui qui m?a donn? les param?tres clef de cette m?thode.

B) La m?thode et les param?tres de mise en ?uvre
La m?thode consiste comme vous le savez sans doute ? recouvrir le fond de l?aquarium d?une couche ?paisse de sable, pos?e sur une grille dite pl?num, pour constituer une couche d?eau confin?e sous le sable dont la teneur en oxyg?ne dissout sera tr?s faible (de l?ordre de 0,5 mg/l). Cette configuration vise ? :

- reproduire dans les couches sup?rieures du sol, riches en oxyg?ne, les conditions propices au d?veloppement et ? l?activit? des bact?ries a?robies, susceptibles d?oxyder et de min?raliser les mati?res organiques que sont les d?chets de la vie de l?aquarium, en substances simples telles que l?eau, le gaz carbonique et les nitrates. C?est la nitrification.
- reproduire les conditions propices au d?veloppement naturel de bact?ries ana?robies facultatives h?t?rotrophes capable de pratiquer la respiration nitrate, c?est ? dire capable de pr?lever sur les ions nitrates (le comburant en quelque sorte ) l?oxyg?ne dont elles ont besoin pour vivre et oxyder les mati?res organiques (le carburant). Ce faisant, elles transforment les nitrates en azote gazeux susceptible de s??chapper de l?aquarium. Ce processus naturel dit de d?nitrification est aussi celui qui se produit dans les zones profondes des pierres vivantes d?un aquarium berlinois. Pour simplifier on peut dire que la r?action est du type : Nitrate + Mati?re organique ?Gaz carbonique + Eau + Azote gazeux

C?est ? dire (sans ?quilibrer la r?action pour ne pas la compliquer) :
NO3 + Cx Hy Oz —› CO2 + H2O + N2

- Profiter de toute cette activit? biologique conduisant localement ? une acidification, pour attaquer le sable calcaire et produire, comme dans les r?acteurs ? calcaire d?aujourd?hui, des bicarbonates et du calcium pour entretenir la croissance des coraux durs ; en r?sum? disposer d?un r?acteur ? calcaire naturel in situ.

1?) La grille ou pl?num.
Selon le Pr. Jaubert une simple grille de filtre sous sable ordinaire devait suffire ? condition de ne pas lui adjoindre la canule verticale habituelle (exhausteur), susceptible d??quilibrer la teneur en oxyg?ne de l?eau sous le sable avec celle du bac. Il m?a en revanche indiqu? que dans ses bacs, quand il faisait des pr?l?vements d?eau sous la couche pour en conna?tre les param?tres (dans un but de recherche), il le faisait via une canule de type exhausteur mais d?bouchant au dessus de la surface de l?eau (et non bien s?r en dessous comme dans un filtre sous sable). J?ai donc d?cid? de mettre en place ce syst?me de canule qui s?av?rera utile pour d?autres raisons sur lesquelles je reviendrais.

D?aucun se demanderont pourquoi un pl?num ; la raison invoqu?e ? l?origine est d??viter les possibilit?s de zones compl?tement d?pourvues d?oxyg?ne dans les couches profondes du sable, zones qui pourraient conduire ? des fermentations non souhaitables ; en effet il faut peu d?oxyg?ne pour que la d?nitrification s?op?re, mais un peu quand m?me, sinon d?autres micro-organismes que ceux recherch?s peuvent s?installer dans ces zones. Le pl?num ?galise la concentration d?oxyg?ne dans les couches profondes du sable en facilitant la diffusion horizontale de l?eau.

Depuis, certains ont fait des exp?riences positives sans pl?num. Vous me direz qu?il n?y a pas de pl?num dans la nature ? certes mais l?oc?an est grand et la pr?sence locale de zones anoxiques n?y a pas les m?mes cons?quences qu?en aquarium. Pour ma part je l?ai maintenu dans la mesure ou je le consid?re comme une s?curit? sans inconv?nient majeur. Son prix est modique et aucun des arguments jusqu?ici avanc?s contre ce dispositif ne r?siste ? l?analyse ; le principal argument ?tant celui avanc? par Ron SHIMEK qui a observ? dans certains cas la colonisation du pl?num par des vers pouvant conduire dans certaines circonstances particuli?res ? un relargage brutal de gaz de fermentation. Les discussions que j?ai eues avec lui montrent qu?il s?agissait de couches de sable d??paisseur moyenne - et en tout cas inf?rieure ? celle pr?conis?e par Jean Jaubert - dans lesquelles de gros vers avaient la possibilit?s de survivre (teneur en oxyg?ne encore suffisante) par suite de la trop faible ?paisseur de sable.

Rien n?emp?che cependant de tester, ne serait ce qu?au nom du ? pourquoi pas ?, cette configuration sans pl?num que entre autres Ron utilise avec succ?s. Pour ma part je l?ai en partie test?e sans le vouloir puisque au d?montage de bacs Jaubert il s?est av?r? que sur des grilles de pl?num trop perfor?es, le sable (les fines en tout cas ) avait tendance ? descendre sous le pl?num et ? l?occuper. Depuis, pour ?viter ce ph?nom?ne, je place une moustiquaire plastique sur le pl?num.

2?)Le sable
D?embl?e le Pr. Jaubert m?a conseill? l?utilisation de Maerl de granulom?trie commerciale de 2 ? 5 mm environ ; il faut en effet que l?eau puisse diffuser naturellement entre les grains pour atteindre les couches profondes en s??tant d?barrass? en grande partie de son oxyg?ne.

Bien qu?il ait test? des syst?mes multicouches avec des granulom?tries diff?rentes selon la couche, il m?a conseill? de n?utiliser qu?une seule couche de granulom?trie uniforme et ceci sans s?paration horizontale ni grille de protection en partie haute de la couche, ? condition de ne pas peupler l?aquarium de poissons remuant en permanence la couche. Il m?a confirm? que les poissons s?ensablant seulement pour dormir n??taient par contre pas g?nant.

3?) L??paisseur de sable
L??paisseur de sable qu?il m?a indiqu?e est de 4 doigts en position horizontale soit environ 8 ? 10 cm. Il est ? noter que depuis j?ai fait varier cette ?paisseur jusqu'? 20 cm sans noter de probl?me. Dans le premier bac ? deux ?tages communiquants de 1994 le bac sup?rieur avait 8 ? 10 cm (l?ger d?grad? d?arri?re vers l?avant ) et celui du bas 10 ? 15 cm.

4?)La lumi?re
D?embl?e le professeur m?a indiqu? que le syst?me ne fonctionnait bien que bien ?clair?, sans doute en raison de la consommation des micro-algues de la surface du sable par les organismes fouisseurs qui s?installent dans le sable. Pour effectuer la r?duction des nitrates, les bact?ries h?t?rotrophes des couches profondes du sable n?cessitent en effet l?apport de mati?re organique qui pourrait leur ?tre fournie sous forme de d?jections amen?es par ces organismes. En r?alit?, je pense que les m?canismes sont relativement mal connus et qu?il s?agit plus d?hypoth?ses. En absence de lumi?re le syst?me devait selon son exp?rience ?tre beaucoup moins efficace en terme de r?duction des nitrates.

Cette n?cessit? de lumi?re ? une cons?quence importante ? savoir que le pourcentage de la surface de sable couverte ne doit pas d?passer un certain seuil ; ce seuil ? ?t? fix? par le Pr. Jaubert, semble t-il empiriquement, ? 25 %.

Pour cette raison il pr?conisait la construction de d?cors verticaux plut?t que s??talant sur le fond du bac. Ce type de d?cor a aussi l?avantage de ne pas encombrer le sol ce qui pourrait, au moins th?oriquement (car il peut y avoir des chemins indirects) entraver la diffusion de l?eau dans le sable. En r?alit? je suis arriv? depuis ? des taux de couverture du sol consid?rablement plus importants, ce qui ne veut pas dire que le syst?me soit alors aussi performant puisqu?il visait ? l??poque des taux de nitrates extr?mement bas alors que je travaille maintenant ? des taux de l?ordre de 2 ? 5 mg/l de NO3.

5?)Le brassage
D?embl?e ?galement le Pr. Jaubert m?a indiqu? que les seuls ?checs qu?il ait connus dans l?application de cette m?thode ?taient li?s ? un brassage dispos? de telle fa?on qu?il brassait trop la surface du sol, entra?nant un passage forc? de l?eau dans le sable, en lieu et place de la diffusion lente seule apte ? garantir un faible taux d?oxyg?ne dans les couches profondes du sable. Au d?part mon premier bac qui faisait environ 680 litres bruts dans sa partie haute, n??tait brass? que par 4 Maxi-jet 1000 l/ h ; une dans chaque coin arri?re qui brassait directement la surface du bac et deux pos?es sur le fond qui tiraient verticalement en cr?ant deux d?mes d?eau en surface.

Par la suite, au fur et ? mesure de la croissance des coraux qui cr?aient des obstacles ? l??coulement du courant, j?ai augment? le nombre de maxi-jet et de mini-jet en privil?giant toujours les courants horizontaux dans le haut du bac et en surface, et en maintenant les deux pompes ? flux vertical. Dans le m?me bac aujourd?hui plein de coraux durs d?une an?mone et de quelques coraux mous, j?ai 6 maxi-jets 1000 l / h et 4 mini-jet 600 l/h soit environ 12 ? 13 fois le volume brut et 17 ? 19 fois le volume r?el d?eau.

C) Le d?marrage de mon premier bac Jaubert

Pour occuper toute la surface disponible de mon salon et disposer d?un volant d?eau maximum j?avais d?cid? de faire un bac ? deux niveaux, le niveau bas devant surtout servir de volant d?eau et de sol Jaubert additionnel (bien que peu ?clair? : deux tubes de 40 W ? l?origine ), avec quelques caulerpes. En r?alit? ce bac inf?rieur en communication lente (300 ? 400 l/h) avec celui du haut, s?est rapidement transform? en bac h?bergeant des animaux moins exigeants en lumi?re mais tout aussi peupl? en poissons.

Dans l?attente de mes cuves de verre en fabrication j?ai rempli une poubelle de 70 litres environ avec du Maerl (mort ) et compl?t? avec d?eau de mer reconstitu?e ? partir d?eau du robinet additionn?e de sel Reef Crystal, et j?ai mis un peu de sable d?un autre bac, deux moules mortes, 2 spatules de glucose ainsi que 20 ml d?eau issue d?un biod?nitrateur h?t?rotrophe, le tout ? la temp?rature de 20?C environ. En huit jours le taux de nitrates de cette eau qui ?tait de 20 mg/l environ est devenu ind?tectable ?mais l?odeur est aussi devenue insupportable et le sable tout noir ; je ne recommande cette exp?rience destin?e ? acc?l?rer la mise en place des bact?ries ana?robies ? personne ?surtout ceux qui craignent les mauvaises odeurs et depuis les bacs que j?ai d?marr?s ont l?ont ?t? directement avec du sable sec non pr?par?.

Trois semaines plus tard les bacs sont enfin arriv?s : j?ai reparti sur les grilles de filtre sous sable Hagen le sable noir ainsi pr?par? et l?ai recouvert de sable sec pour obtenir l??paisseur souhait?e. Sur la surface j?ai r?pandu un peu de sable provenant d?un autre bac en fonctionnement pour acc?l?rer l?ensemencement en bact?ries a?robies et j?ai couvert d?une petite ?paisseur d?eau pr?par?e ? partir d?eau osmos?e et de Reef Crystal. J?ai mis en chauffe ? 28?C et a?r? ? l?aide de deux maxi-jet par bac qui produisaient un jet d?eau vertical.

Les bacs ont ensuite ?t? remplis progressivement au fur et ? mesure de ma fabrication d?eau osmos?e que je salais et ajoutais dans les bacs. En quelques jours le sable noir est redevenu blanc et les nitrites sont mont?s tr?s haut (limite de d?tection du test) puis redescendu tr?s vite ? z?ro exactement 12 jours apr?s la mise en place du sable dans le bac et alors que je venais ? peine de finir le remplissage de l?eau (plus de 1000 litres d?eau avec un petit osmoseur ?). Nitrate et phosphate ?taient alors ?galement ? z?ro. J?ai redescendu la temp?rature ? 26?C.

J?ai mis alors en place des roches vivantes de diff?rentes provenances (Floride et Indon?sie) que je ne souhaitais pas installer avant pour ?viter de perdre une partie de leurs animaux, et j?ai commenc? ? ?clairer avec un tube bleu Osram 67 de la longueur du bac. Quelques coraux ont ?t? mis dans le bac le lendemain dont un Goniopora en fin de vie provenant d?un autre bac qui, tr?s curieusement, s?est mis ? ressortir de longs polypes qu?il n?avait plus sortis depuis des mois : cette exp?rience sur un Goniopora que je n?ai jamais eu l?occasion de refaire m?a toujours intrigu?e et je me suis promis de la refaire un jour, en effet ce Goniopora ? ensuite ? rev?cu ? de tr?s nombreux mois avant tout de m?me de mourir.

Des coraux de toute nature ont ?t? ensuite ajout?s progressivement au fur et ? mesure des arrivages qui ? l??poque ?taient encore peu fr?quents sur Paris et la dur?e l??clairage du bac du haut par des HQI a ?t? augment?e progressivement. Astr?as et Trochus ont ?t? ?galement ajout? ainsi que des poissons.
Environ un mois et demi apr?s la mis en route le bac ?tait rempli d?algues sup?rieures (11 esp?ces d?nombr?es dont de la Caulerpa Taxifolia, Peltata, Racemosa) apparues spontan?ment sur les pierres vivantes de Floride. Le bac ?tait splendide de verdure ?mais il a fallu bien s?r se r?soudre ? l?arrachage, les coraux mena?ant d??tre asphyxier. Une partie de ces algues ont ?t? distribu?es, en particulier la souche de Taxifolia qui a ?t? envoy?e au Pr. Jaubert qui poursuivait ? l??poque des recherches sur cette algue, et le reste r?parti dans d?autres bacs. Des poissons algivores ont ?t? mis en place pour lutter contre ces algues sup?rieures (en particulier Lo Vulpinus).
Les Bryopsis qui sont ensuite apparues sur les roches de Floride sont la seule peste que j?ai du ?radiquer ; cela c?est effectu? par arrachages r?p?t?s, puis mise en place de nudibranches du type Tridachia Crispata (quand enfin j?ai pu en trouver) qui seuls pouvaient aller dans les anfractuosit?s.

D) Evolution des param?tres
Durant toute cette p?riode le bac n?a subi qu?un seul changement d?eau de 30 %, environ un an apr?s sa mise en eau.

Le KH s?est maintenu ? un niveau assez bas de l?ordre de 6 plus rarement 5.

Quelques rares essais d?ajout de tampon carbonat? ont permis de le remonter momentan?ment mais il rechutait dans les jours suivants ; en revanche ce KH inf?rieur au KH naturel n?avait pas l?air d?affecter la croissance des SPS. Le calcium avait ?galement tendance ? baisser tr?s lentement et j?ai rajout? du chlorure de calcium ? quelques rares occasions quand il descendait en dessous de 400 mg/l.

Les photos de la première série ont été prises au printemps 1996.

Les nitrates n?ont jamais ?t? aussi bas que ce qu?avait mesur? le Pr. Jaubert ; il faut dire que tr?s vite le bac s?est retrouv? peupl? en coraux bien au-del? des 25 % de la surface et qu?outre la vingtaine de poissons de petite ou moyenne taille qu?il h?bergeait, je devais nourrir de moules les grosses ?toiles de mer telles que Protoreaster Lincki qui vivaient dans le bac du bas. Les nitrates montaient en revanche excessivement lentement pour atteindre environ 20 mg/l environ apr?s 10 mois : c?est ? ce moment que les exhausteurs qui d?passaient de la surface de l?eau m?ont ?t? utiles puisqu?ils m?ont permis d?injecter r?guli?rement du glucose sous la couche pour nourrir bact?ries ana?robies et ainsi les aider ? faire redescendre ce taux de nitrates en quelques semaines ? moins de 5 mg/l, puis ensuite d?arr?ter les ajouts de glucose.

Les phosphates ont toujours ?t? inf?rieurs ? 0.2 mg /l (test Aquarium System) sans intervention particuli?re.


Deuxième série de photos prises à l'automne 2000.

E) La deuxi?me vie de mon bac Jaubert

Ce bac a ?t? d?m?nag? en janvier 1997 pour venir sur St Malo : son d?montage a r?v?ler un sable compl?tement blanc, y compris dans les couches basses des parties les plus ?paisses. Il a ?t? r?employ? tel que, sans aucun nettoyage, pour remonter le bac ? l?identique.

Il fonctionne toujours aujourd?hui sans qu?aucun siphonnage ou entretien ne soit r?alis? ? l?exception d?ajouts d?iode assez r?guliers (en g?n?ral 1 goutte de Lugol ? 1% par jour et au maximum 8 gouttes) et ?pisodiques d?oligo-?l?ments (fer par exemple ; au jug? de l?aspect des coraux), avec au maximum un changement d?eau de l?ordre de 25 ? 30 % par p?riode de 6 mois (eau de mer naturelle ou synth?tique selon le temps ext?rieur et l?humeur du moment?).


Il h?berge environ 35 poissons, 3 grosses ?toiles de mer (bac du bas) une langouste Palinurus Versicolor de belle taille (bac du bas) et bien s?r de tr?s nombreux coraux, principalement SPS dans le bac du haut, et mous dans le bac du bas ; tout ce petit monde re?oit environ l??quivalent de 2 ? 3 gros cubes de nourriture congel?e non rinc?e par jour, et 8 ? 10 moules par semaine (vivantes en self service pour les ?toiles et la langouste) ; malgr? cela et sans aucune intervention, ni ajout de glucose sous la couche, le taux de nitrate est aux alentours de 2 ? 3 mg/l et celui de phosphates entre 0,2 et 0,3mg/l maximum.

Les tubes fluorescents sont chang?s quand ils claquent, et les HQI ont ?t? chang?s une seule fois depuis novembre 1994 ; en novembre 1995 les Daylight ont ?t? remplac?s par des 10 000 K AQUALINE, toujours en place aujourd?hui.

La seule modification majeure qui ait ?t? apport?e au syst?me a ?t? la mise en place au printemps 2000 d?un ajout de lait de chaux en lieu et place d?eau osmos?e pour compl?ter l??vaporation. En effet suite ? un nouvel ajout important de coraux ? cette ?poque le KH, voire le taux de calcium, baissait trop (KH parfois ? 5). L?ajout se fait dans une zone tr?s brass?e, au goutte ? goutte, en continu sur toute la journ?e ? l?aide d?une pompe p?ristaltique branch?e sur le fond d?un Jerrycan de 30 litres brass? une minute 9 fois par jour. Dans ces conditions le KH oscille autour de 6.5 valeur de l?eau de mer naturelle et les SPS ont repris de plus belle une croissance qui pour certains avait auparavant ?t? ralentie par le KH bas.

Juste avant l??t? 2000 ce bac ? achev? sa vie ind?pendante puisqu?il se retrouve reli? ? 3 autres bacs (dont un r?cifal Jaubert et deux bacs avec algues h?bergeants quelques invert?br?s divers : ?toiles, oursins, an?mones) qui fonctionnaient avec 2 d?nitrateurs ? soufre contenant chacun 2 l de soufre. Le tout repr?sente environ 1400 litres d?eau pour un volume brut des bacs de 1700 litres, et h?berge une soixantaine de poissons de petite ou moyenne taille.
La seule cons?quence de cette modification a ?t? l??l?vation du taux de phosphates vers 1 mg/l du fait que les autres bacs tournaient depuis plus de 10 ans avec le m?me sable et sans aucun siphonnage. Les nitrates sont ? 5 mg/l environ et le calcium est ? 600 mg/l en raison de l?apport des r?acteurs ? calcaire des d?nitrateurs. Ceci n?a entra?n? aucune modification notable sur les animaux.

F) Conclusion
La m?thode du Pr. Jaubert est pour moi une m?thode ?l?gante, car naturelle, simple ? mettre en ?uvre et donnant d?excellents r?sultats en aquariophilie r?cifale. Il convient seulement de la compl?menter par des ajouts d?hydroxyde de calcium, voire de calcium, lorsque la population de coraux hermatypiques devient trop importante pour que le sol Jaubert apporte suffisamment de KH et de calcium ; cette suppl?mentation en hydroxyde, que Jean Jaubert n?avait pas ?cart? d?s notre premi?re rencontre, est ?quivalente ? celle utilis?e en m?thode berlinoise.

Par contre on peut consid?rer que par rapport ? la m?thode berlinoise la m?thode Jaubert poss?de ipso facto un r?acteur ? calcaire int?gr?.
En revanche, pourvu que l?aquarium soit suffisamment ?clair? comme c?est le cas d?un bac ? coraux photosynth?tiques et nourris raisonnablement, la m?thode Jaubert reste autonome pour le traitement des d?chets organiques qui dans la m?thode berlinoise n?cessite un ?cumeur, au moins dans les premi?res ann?es d?apr?s ses derni?res ?volutions.

Ces rapprochements progressifs des deux m?thodes me font esp?rer que d?ici peu les querelles concernant le choix de la m?thode de maintenance en aquariophilie r?cifale se termineront par l?adoption d?une m?me m?thode synth?se de deux? En ce qui concerne le probl?me plus d?licat de la maintenance de bacs r?cifaux peupl?s d?animaux non photosynth?tiques, en g?n?ral peu ?clair?s et n?cessitant donc un apport important de nourriture ?galement peu compatible avec l?usage d?un ?cumeur, il convient d?envisager d?autres techniques telles que la mise en place de d?nitrateur sur soufre ou de sol Jaubert dop? au soufre.

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