Chaetodon xanthurus
Joachim
Frische & Herbert Fink (das Aquarium 6/2003)
Un poisson-papillon consommateur des anémones de feu,
Anemonia cf manjano
Il
y a longtemps que J. Frische s'occupe de la maintenance de poissons-papillons
dans l'aquarium récifal. Il s'intéresse au respect des structures
sociales en fonction des espèces ainsi que de leurs habitudes alimentaires
y compris la problématique de la consommation des coraux. Les expériences
de Joachim Frische avec Chaetodon xanthurus ont été l'instigation
pour Herbert Finck d'en mettre dans son aquarium. Au fil de sa maintenance
dans leurs aquariums les auteurs constatent que l'espèce Chaetodon
xanthurus constitue un prédateur de la redoutée anémone
de feu, Anemonia manjano.
Dans cet article nous allons examiner de plus près le casse-pied Anemonia
manjano et son prédateur Chaetodon xanthurus. Nous allons
décrire la maintenance de ce poisson-papillon en aquarium et rendre
attentif sur les risques que l'aquariophile encourt lorsqu'il associe Chaetodon
xanthurus avec des anthozoaires. Un important chapitre est consacré
à la destruction de l'anémone de feu Anemonia manjano,
pour l'élimination de laquelle Alf Jacob Nilsen a une fois conseillé
en plaisantant d'utiliser la dynamite.
Anemonia manjano - le destructeur
En ce qui concerne l'anémone de feu il s'agit d'une anémone
atteignant une taille comprise entre 2 et 4 cm de la famille Actiniidae. L'anémone
de feu, appelée "anémone de feu-filet" par Fossà
& Nilsen (1994) et anémone naine par Sprung & Delbeek (1998),
vit dans la mer entre les branches de scléractiniaires (Fossà
& Nilsen, 1994). Elle utilise les produits de leurs zoxanthelles et capture
peut-être du plancton en sus. Elle est répandue dans l'ensemble
de l'Indo-Pacifique, où elle doit être particulièrement
nombreuse autour de l'Indonésie. L'anémone de feu parvient dans
nos aquariums par l'intermédiaire des pierres vivantes et s'y est révélée
être l'un des casse-pied le plus redouté par manque de concurrents
naturels aussi bien d'espace qu'alimentaires. Même les aquariums publics
ne sont pas épargnés par cette anémone (Hebbinghaus,
2002). Il n'est pas possible de contester une certaine esthétique,
qui devient visible, lorsque l'observateur se trouve confronté avec
un champ vert irisé de cette anémone. Sprung & Delbeek (1998)
comparent son aspect avec l'anémone du genre Aiptasia. Des exemplaires
plus grands dont les extrémités des tentacules sont épaissies
en forme de boules, peuvent être confondues avec les anémones
bulles, Entacmaea quadricolor.
C'est
il y quelques années que nous avons fait les premières expériences
désagréables avec ces anémones de feu extrêmement
adaptatives, lorsque Herbert Finck possédait un aquarium exclusivement
peuplé de scléractiniaires. Les anémones s'y sont développées
de manière si nombreuse qu'il n'a eu d'autre solution que de vider
complètement l'aquarium (ou de prendre de la dynamite). Quelques boutures
atteintes par quelques anémones de feu ont été nettoyées
aussi bien que possible et transférées dans un autre aquarium.
D'autres fragments ont été mis dans l'aquarium de Joachim Frische.
Tandis que chez Herbert Finck on a fait attention, autant que possible, à
ce qu'aucune des redoutées anémones ne soient introduites dans
l'aquarium récifal existant et en parfait état de marche. Joachim
Frische a pris les Acropora et Pocillopora ramifiés,
chez lesquels il était pratiquement impossible d'enlever toutes les
anémones. Déjà peu de temps avant Anemonia manjano
est arrivée dans l'aquarium de Joachim Frische, dû à l'ignorance
de cette époque là. Néanmoins les anémones n'ont
pu s'y maintenir dans le temps. Dans l'espoir de la répétition
de ce phénomène les boutures de coraux citées avant ont
été introduites. Cela devait effectivement se confirmer : après
quelque temps les anémones avaient disparu.
L'aquarium de Joachim Frische par contre a été bientôt
colonisé par une espèce qui jusqu'alors ne s'y trouvait pas:
Anemonia manjano. Avec son énorme taux de reproduction par bourgeonnement
il a été possible à l'anémone de feu de prendre
pied dans l'aquarium et de commencer son champ d'expansion à l'abri
des invertébrés ombrageant et du regard de l'observateur.
Un aquarium peuplé de Sinularia comme biotope pourAnemonia
manjano
L'aquarium
de Herbert Finck fonctionne depuis 1988. Il mesure 160 x 75 x 50 cm (L x I
x h) ce qui donne un volume brut de 600 litres. Il est associé avec
un bac de 150 litres situés sous l'aquarium principal. L'aquarium principal
est essentiellement peuplé avec des coraux-cuir du genre Sinularia
qui remplissent largement le bac suite à leur croissance luxuriante.
En outre quelques scléractiniaires des genres Goniopora, Favia
et Acropora se sont parfaitement établis dans ce milieu. Mais
également des Zoanthidés du genre Epizoanthus et des
octocoralliaires du genre Clavularia se sont magnifiquement développés
et devaient être régulièrement élagués.
Environ 30 poissons coralliens de petite taille pourvoient au mouvement et
à la couleur. Grâce à la dense forêt de bras des
Sinularia il a été possible de maintenir durant plusieurs
années quatre couples de Chrysiptera parasema, lesquels pondaient
régulièrement. Actuellement il y a dans ce bac une douzaine
de Chromis viridis, six Chrysiptera talboti, quatre Gobiodon
citrinus, un groupe de Zebrasoma flavescens composé de quatre
individus, un couple de Centropyge bispinosa et un couple de Chaetodon
xanthurus. Ces poissons reçoivent de la nourriture surgelée
et en paillettes plusieurs fois par jour.
La circulation de l'eau est réalisée avec deux Turbelle 1500,
fixées sur les deux petits côtés de l'aquarium. Elles
sont actionnées selon un rythme de douze heures, afin d'obtenir un
changement de direction du courant. Le "coeur" du traitement de
l'eau est constitué par un écumeur de 2 mètres de hauteur
avec diffuseurs en bois de la société Sander (Modèle
III ). Depuis quelque temps j'ai installé un filtre du "type vodka",
qui permet de maintenir la quantité de nitrates en dessous de 10 mg/l
malgré une importante densité de poissons. Avec l'utilisation
de Rowaphos la quantité de phosphates reste très faible. Elle
oscille entre 0.046 et 0.14 mg/1 ceci dépendant de la durée
d'utilisation de l'adsorbant (mesuré avec un test Phosphat Merck Aquaquant).
Un réacteur à calcaire assure une dureté carbonatée
de 6 à 8° KH. Les oligo-éléments sont rajoutés
plusieurs fois par semaine à raison de 10 % de la dose conseillée
par les fabricants. Les changements d'eau sont effectués de manière
sporadique. L'aquarium est éclairé durant six heures par jour
à l'aide de deux ampoules HQI 400 W, 5600 K (incorporées dans
des projecteurs de la société Sill). S'y rajoutent deux tubes
fluorescents de 58 watts, qui fonctionnent dix heures par jour. Il y a six
mois encore j'utilisai deux tubes bleus, depuis j'utilise un tube bleu et
un TrueLight. Le mercredi, seul les tubes fluorescents assurent l'éclairage,
ce qui doit simuler une journée pluvieuse avec force nuages.
Les anémones de feu se sentaient parfaitement à l'aise sous
ces conditions. Il leur a été facile de conquérir pour
elles ce biotope, ce malgré toutes les contre mesures. Elles se sont
répandues sur la face arrière et sur les faces latérales,
se développant sur le sol (il n'y a pas de substrat dans cet aquarium),
entre et sur les coraux.
La lutte sans espoir face à une menace croissante.
En ce qui concerne Anemonia manjano le problème n'est pas leur
expansion rapide sur un substrat mort ou même sur des tissus vivants,
mais plutôt leur énorme pouvoir urticant, qui ne donne aucune
chance aux coraux se trouvant dans leur champ.
Plus les anémones de feu pullulent dans un aquarium, plus le milieu
de l'aquarium se modifie en leur faveur, ce qui entraîne le recul des
autres habitants sessiles.
Depuis que nous avons conscience du danger représenté par ces
anémones, nous nous sommes efforcés de trouver des prédateurs
naturels ou des moyens mécaniques d'éradication, qui empêchent
leur expansion et en outre réduisent leur population.
Ébauche d'un traitement naturel
Lorsque nous avons appris que la crevette Lysmata wurdemanni appartenant
à la famille Hyppolytidae consommait les anémones de verre du
genre Aipatsia nous caressions l'espoir que cette crevette pouvait
aussi accepter Anemonia manjano comme nourriture. Ceci seulement parce
que divers aquariophiles avaient signalé que L. wurdemanni ne
dédaignait pas les Zoanthidés. L'essai s'est révélé
comme un coup raté dans l'aquarium concerné.
Berghia verrucicornis fait partie d'un groupe d'Ospitobranches qui
se nourrissent presque exclusivement d'anémones de verre. Les aquariophiles
possédant cet escargot, ont recherché des données Internet
afin de savoir si cet escargot pouvait aussi être utilisé dans
la lutte contre Anemonia manjano. Aucun résultat positif n'a
cependant encore été publié.
Sprung & Delbeek (1998) citent le nudibranche Spurilla neapolitana
comme une possibilité de traitement. Dans le Sea Slug Forum (www.seaslugforum.net),
qui est spécialement consacré aux escargots marins, la question
a été posée en janvier 2001 si Anemonia manjano
peut être combattu par S. neapolitana. De la réponse de
Bill Rudmann il apparaît qu'il est possible que les nudibranches de
la famille des Aeolidiidae pouvaient aider dans ce cas, car ils consomment
des anémones. Il ne garantit toutefois pas que dans un cas isolé,
il puisse y avoir réussite, car chaque espèce possède
ses préférences. Ainsi n'avons nous pas non plus trouvé
de communication couronnée de succès concernant ces nudibranches.
Lors du 1er Symposium International de Strasbourg (1999) Julian Sprung a évoqué
le poisson de Nagasaki, Microcanthus strigatus, comme prédateur
de l'anémone de feu. Le problème toutefois est que ce poisson
aime consommer nombre d'autres invertébrés et qu'il les préfère
à l'anémone de feu. Un autre obstacle est constitué par
le faible nombre d'importations de ce poisson. Nous n'avons réussi
à nous procurer qu'un seul exemplaire.
Luty (1997) cite dans un rapport que le poisson-lime vert convient comme prédateur
naturel des Aiptasia, selon toutefois ses observations personnelles.
Des essais, d'utiliser ce poisson et aussi d'autres poissons-limes contre
les redoutées anémones de feu, n'ont pas donné le résultat
escompté (selon divers commerçants). Dans ce cas également
l'importation de ces poissons est plutôt rare.
Nous avons également considéré Chelmon rostratus
comme prédateur potentiel de l'anémone de feu ? sans succès.
Même Pomacanthus narvachus a déjà été
cité à ce sujet. A notre connaissance cela n'a pas non plus
conduit au succès.
Ébauche d'un traitement artificiel
Les supposés prédateurs naturels n'ayant pas donné les
résultats escomptés, les méthodes manuelles usuelles
ont été mises en oeuvre dans l'aquarium de Herbert Finck.
Les anémones ont été saisies à l'aide d'une pince
chirurgicale, arrachées et retirées. Hélas les anémones
n'ont pas pu être éliminées totalement et une prochaine
génération est issue des restes.
Par la mise en place de petites pierres il a été possible de
retirer les individus qui rejoignaient la pierre. Un succès moyen.
De l'acide chlorhydrique dilué a certes tué les anémones
avec sûreté mais un problème permanent était constitué
par la chute du pH, si bien que la quantité d' Anemonia manjano
n'a pu être réduite que de manière insignifiante.
La couverture avec une solution pasteurisée d'hydroxyde de calcium
n'a également donné qu'un résultat modeste, car la pâte
ne tenait pas assez longtemps en place et se dissolvait de nouveau.
De l'eau bouillante, injectée dans le corps des anémones de
feu a encore donné le meilleur résultat. La population des anémones
a été réduite même si une élimination complète
n'a pas pu être atteinte.
Le complexe Chaetodon xanthurus
Une question restée sans réponse dans l'aquarium de Joachim
Frische était de savoir pourquoi dans son aquarium Anemonia manjano
n'avait visiblement pas de chance de survie. En premier lieu, nous avons examiné
les différences dans la composition de la population des invertébrés
et des paramètres de l'eau et supposé, que la solution de l'énigme
s'y trouvait. Comme point de départ, de ce qu'il fallait modifier dans
l'aquarium de Herbert Finck il n'y avait cependant rien de particulier.
A l'époque où les boutures d'Acropora et de Pocillopora
et avec elles également les Anemonia manjano ont pris place
dans l'aquarium de Joachim Frische, se déroulaient à ce moment
là des études sur le comportement alimentaire de Chaetodon
semilarvatus et C. xanthurus (Frische 1999,2002). Tandis que C.
semilarvatus pouvait être identifié sans aucun doute, C.
xanthurus fait partie d'un groupe de poissons-papillons comprenant quatre
espèces, lesquelles ont une coloration similaire.
Chaetodon paucifasciatus Ahl, 1923
Le poisson-papillon orange de Mer Rouge, désigné sous le nom
de "Eritrean butterflyfish" dans la banque de donnée FishBase,
atteint une longueur totale maximale de 14 cm. Son aire de distribution est
restreinte à la Mer Rouge et au golfe d'Aden. Il fréquente les
coraux et les débris coralliens par des
profondeurs de 4 à 30 mètres. La structure sociale est basée
sur le couple, parfois on rencontre de petits groupes. Les sexes ne peuvent
être différenciés par la coloration. Comme le signalent
unanimement tous les auteurs, Chaetodon paucifasciatus constitue le
représentant de ce groupe, qui est connu comme consommateur de coraux.
II consomme également en dehors des coraux des algues, des polychètes
et de petits crustacés. En 1923 Ahl a procédé à
sa première description comme Chaetodon chrysurus paucifasciatus
et réduit au cours de la même année son nom d'espèce
à celui encore valable de nos jours. Les détails marquants du
patron corporel sont constitués par les six à dix bandes noires
transversales parallèles entre elles et qui se rejoignent. La région
rouge vin de la zone arrière du corps différencie nettement
C. paucifasciatus des autres espèces.
Chaetodon mertensii Cuvier, 1831
Le poisson-papillon de Mertens, désigné sous le nom de "Atoll
butterflyfish" dans FishBase, se trouve près des îles Ryukyu,
vers le sud des Philippines jusqu'à l'île de Lord Howe et des
îles Rapa, à l'est son aire de répartition s'étend
jusqu'aux îles Tuamotu et la Micronésie. Décrit en 1831
par Cuvier comme Chaetodon mertensi, la dénomination avec un
seul "i" à la fin du nom d'espèce s'est avérée
comme erronée. En 1904 Regan a donné à l'espèce
le nom de Chaetodon dixoni se basant sur la coloration juvénile.
La longueur totale atteint 12.5 cm. Dans le récif naturel C. mertensii
fréquente de préférence les lagons profonds et dans la
mer les tombants récifaux. La profondeur varie entre 10 et 120 mètres.
Le poisson-papillon de Mertens vit en solitaire ou en couple. L'alimentation
se compose en priorité de petits invertébrés vivants
sur le sol et d'algues (Allen et al., 1998 ; Fishbase, 2003). C. mertensii
possède également sept à dix bandes noires transversales
qui se rejoignent, la zone corporelle arrière est orangée. Un
signe sexuel corporel extérieur n'est pas visible.
Chaetodon
xanthurus Bleeker, 1857
Nous connaissons cette espèce comme étant le poisson-ange orange
à treillis, dans FishBase il est répertorié sous le nom
de "Peariscale butterflyfish". Comme le nom vernaculaire le laisse
envisager, le poisson ne possède pas de lignes noires mais un treillis
noir comme patron corporel. Son aire de répartition se situe en Indonésie,
des Philippines et vers le nord jusqu'aux îles Ryukyu. Les sexes de
cette espèce pouvant atteindre 14 cm de longueur ne peuvent se différencier
par la coloration. Il se rencontre entre 6 et 50 mètres de profondeur.
Le plongeur le rencontre souvent parmi les scléractiniaires, de préférence
par des profondeurs de 15 mètres. Chaetodon mertensii couvre
ses besoins alimentaires avec de petits invertébrés, qui colonisent
le sol.
Chaetodon madagaskariensis Ahl, 1923
Le poisson-ange indien à chevrons, cité dans FishBase sous le
nom de "Seychelles butterflyfish", n'est pas reconnu comme espèce
propre par certains ichthyologues, mais comme variante chromatique de Chaetodon
mertensii. Parmi les sceptiques on compte par exemple Allen et al. (1998).
Patzner et Moosleitner (1998), Eschmeyer (1998) et FishBase (2003) sont d'un
autre avis, désignant C. madagaskariensis comme espèce
propre. Comme fondement les derniers auteurs cités se basent sur les
caractéristiques taxonomiques comparées avec C. mertensii
concernant une variation du nombre de rayons et d'épines des nageoires.
En ce qui concerne la coloration cette espèce atteignant 13 cm de longueur
C. madagaskariensis ne peut être différencié sans
doute de C. mertensii. Il se trouve en Afrique orientale, y compris
Port Elizabeth, dans la région de l'Afrique du sud jusqu'aux îles
Coco et l'île Weihnacht, au nord il se répand jusqu'au Sri Lanka.
L'alimentation est similaire à celle de C. mertensii et C.
xanthurus.
Le statut d'espèce litigieux de ce poisson-papillon conduit à
une série de synonymes. Ainsi l'espèce a été décrite
en 1825 par Quoy et Gaimard comme C. miliaris, par Desjardins 1834
comme C. chrysurus - un nom d'espèce qui se retrouve jusque
dans les années 70 (De Graaf 1977). Ahl a écrit le nom d'espèce
de manière erronée en 1923.
Nous avons présenté et décrit ce poisson-papillon pour
éviter des confusions, étant donné que nos observations
concernant la conservation associée à des invertébrés
ont été exclusivement effectuées avec Chaetodon xanthurus.
Après plus de quatre années, que le couple de Chaetodon xanthurus
passe dans l' aquarium de Joachim Frische, il est possible de tirer les conclusions
suivantes : occasionnellement il mordille les extrémités des
tentacules des espèces de Sarcophyton, un comportement toutefois
limité dans le temps et qui pourrait signifier une carence d'un minéral
ou d'un acide aminé. Les scléractiniaires à petits polypes
ne sont absolument pas importunés, lorsque des Pomacentridés
comme Dascyllus melanurus ou Plectroglyphidodon lacrymatus ou
Gobiodon citrinus possèdent les coraux comme leur territoire
et les défendent contre les poissons-papillons. Si ces poissons sont
absents, ce sont surtout les représentants du genre Montipora,
qui sont importunés de temps à autre. Les zoanthidés
quelle que soit l'espèce sont consommés sans exception. Il ne
faut pas exclure que des scléractiniaires à gros polypes puissent
en subir les conséquences. Récemment, un Trachyphyllia
nouvellement installé n'a plus déployé entièrement
son épais tissu suite à des sollicitations continues.
Bilan
Chaetodon xanthurus est un poisson-papillon qui ne peut être
comparé en ce qui concerne le comportement alimentaire avec C. semilarvatus
ou C. paucifasciatus lesquels consomment des scléractiniaires,
mais il ne dédaigne pas les anthozoaires. La puissance des agressions
dépend en fin de compte de la quantité et de la diversité
de la nourriture distribuée, qui est cependant acceptée avec
empressement.
Chaetodon xanthurus versus Anemonia manjano
Après avoir pu démontrer, suite à une maintenance supérieure
à une année, que C. xanthurus en comparaison avec d'autres
représentants de la famille des Chaetodontidés ne créaient
comparativement que peu de dommages, deux exemplaires d'une taille de 3 cm
ont été introduits dans l'aquarium de Herbert Finck. La raison
principale est constituée par les aspects esthétiques que sans
aucun doute il procure. Par la suite il faut vérifier si ce poisson-papillon
a le même comportement dans cet aquarium essentiellement peuplé
de Sinularia et peu de scléractiniaires que dans l'aquarium
de Joachim Frische. En même temps ont été menés
les essais sans succès de l'élimination de Anemonia manjano
par Lysmata wurdemanni. Tandis que les quelques Aiptasia spp.
ont été vaincues en l'espace de trois mois par quatre de ces
crevettes, les anémones de feu se sont développées à
merveille. Ensuite cependant se produisit quelque chose d'extraordinaire :
Anemonia manjano semblait stagner dans son expansion. Etant donné
que ni dans l'addition d'oligo-éléments, ni lors des changements
d'eau, ni dans le domaine technique ou dans la distribution de nourriture
des modifications n'ont été entreprises, la stagnation de l'expansion
n'était en réalité pas explicable. Un point cependant
était toutefois nouveau : l'introduction des deux Chaetodon xanthurus
!
En récapitulant, les notes de Joachim Frische concernant son aquarium
ont montré que deux Chaetodon xanthurus et deux C. semilarvatus
vivaient déjà dans l'aquarium, tandis que les boutures des genres
Acropora et Pocillopora citées dans le texte ont été
introduites dans l'aquarium.
Les poissons-papillons devaient ils être à l'origine de l'expansion
stagnante des Anemonia manjano ?
D'autres semaines se sont écoulées et les Anemonia manjano
ont lentement diminué en nombre dans l'aquarium de Herbert Finck, toutefois
les zoanthidés diminuaient également. Etant donné qu'aucune
modification n'a été effectuée en ce qui concerne l'aquarium,
il ne pouvait s'agir que des Chaetodon xanthurus. Actuellement il est
possible d'affirmer qu'après six mois les deux C. xanthurus
de l'aquarium de Herbert Finck ont dévoré l'intégralité
des Anernonia manjano.
Depuis cette information a été transmise par un commerçant
à d'autres aquariophiles, qui avaient également un problème
massif avec l'expansion des anémones de feu dans leurs aquariums. Le
résultat fut identique au notre.
Notre résumé
Selon les connaissances actuelles nous constatons, qu'avec Chaetodon xanthurus
nous sommes en présence d'un poisson-papillon, qui peut être
mis en oeuvre comme prédateur des Anemonia manjano. Cette affirmation
doit cependant, sur la base des quelques exemples, ne pas être considérée
comme définitive. Nous demandons à ce sujet la communication
d'autres aquariophiles.
Ce que nous ne désirons pas, est la rétrogradation de Chaetodon
xanthurus comme "tueur de fléau", dont la destinée
devient alors incertaine. Ce souci est basé sur le comportement d'aquariophiles
avec Hymenocera picta comme prédateur de Asterina spp.
ainsi qu'avec Lysmata wurdemanni comme exterminateur des Aiptasia
spp. Il a été possible d'entendre et de lire que ces crevettes
après élimination des plaies sont mortes de faim (H. picta)
ou ont été "recyclées" (L. wurdemanni),
étant donné qu'il y avait le souci qu'elles pourraient s'en
prendre aux Corallimorphaires ou aux Zoanthidés.
Nous en appelons au bon sens des lecteurs, de ne se procurer Chaetodon
xanthurus que s' ils sont certains que leur maintenance sera assurée
au mieux, même quand les Anemonia manjano seront éliminées.
Il faut au départ être conscient que C. xanthurus est
un poisson-papillon qui ne place pas les coraux au premier plan de son alimentation,
mais qui de temps à autre aime néanmoins les consommer.
LITTÉRATURE
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SRUNG, J. & J.C. DELBEEK (1998): Das Riffaquarium. Dahne Verlag, Ettlingen.
NOTE DE L'ADAPTATEUR:
Anemonia cf. majano ou Anemonia manjano
Suite à un échange de courrier avec Julian Sprung celui-ci m'a
confirmé que le nom de référence actuel est : Anemonia
manjano (Anemone Database Université du Kansas).
Il en est de même dans :Sea anemones of the world par Daphne Fautin
http://biocomplexity.nhm.ukans.edu/anemones/images/Articles.cfm?ReferencelD=154&Type=Article&ID=376
La dénomination précédente souvent rencontrée
dans la littérature de Anemonia majano est donc erronée.
Puisse la nouvelle appellation rentrer dans les moeurs.
? Photos : Marcel Staebler et Joachim Frische